Les effets de la musique sur l'organisme
Comment la musique agit-elle sur notre organisme ?
2- La musique au quotidien
2.1 - Evolution du rapport à la musique
"La musique est infinie. Elle est le langage de l'âme", Otto Klemperer
La musique est intemporelle et universelle, en voici une chronologie que nous avons construite :





2.2 - La musique et le langage
"La musique est peut-être l'exemple unique de ce qu'aurait pu être - s'il n'y avait pas eu l'invention du langage, la formation des mots, l'analyse des idées - la communication des âmes", Marcel Proust, La Prisonnière, (1923)
Lorsque quelqu’un ose dire que la musique ne sert à rien, une réfutation suit toujours activement : « ce n’est pas vrai, la musique transmet des émotions !". Et l’objection est juste ; la musique, tout comme le langage, sert à communiquer. La principale distinction que nous pourrions observer est qu'elle a un plus fort volet émotionnel et une précision plus faible en ce qui concerne les mots.
Mais la musique a beaucoup de points en commun avec le langage. Nous pouvons établir une comparaison intéressante en étudiant les structures cérébrales -hémisphère droit et gauche- utilisées pour l’une et pour l’autre. En effet, les scientifiques sont restés longtemps sur l’idée que l’hémisphère gauche était celui du langage (appelé aussi aire de Broca), et le droit celui de la musique.

Ici la partie 4, aire du langage, nous intéresse.
Nous pourrions alors nous demander si la musique a précédé ou occasionné l’apparition du langage (comme le pensait Darwin), ou bien si les deux compétences sont nées environ en même temps. Il y a quelques années, pour étudier et localiser les fonctions du cerveau, il fallait attendre que quelqu’un tombe malade, ait un AVC (accident vasculaire cérébral), ou perde une fonction spécifique. Pour la musique, c’était encore plus difficile, car il fallait que le malade soit un musicien, quelqu’un qui ait une musicalité définie et évaluable.
Ce fut le cas du compositeur russe Vissarion Shebalin, victime d’un AVC à l’hémisphère gauche du cerveau et du compositeur français Maurice Ravel, l’auteur du Boléro, victime lui aussi d’un AVC du côté gauche. Tous deux devinrent aphasiques. Une personne atteinte d'aphasie présente un trouble du langage empêchant : soit une expression orale correcte, soit les compréhensions orale ou écrite, voire les deux associées. Malgré tout, ils continuèrent de comprendre et apprécier la musique. Ces deux hommes concernent des personnes ayant subi une lésion à l’hémisphère gauche et qui, tout en ayant perdu la parole, ont conservé leurs aptitudes musicales. Un cas similaire fut décrit pour la première fois en Suède en 1745, un homme qui ne pouvait dire que le mot « oui », mais qui chantait encore. En 1871, le cas de deux enfants aphasiques, dont l’un était capable de chanter avec les paroles et l’autre seulement sans.
Depuis, d’autres cas ont été décrits, concernant des personnes affligées d’un défaut de la parole, mais encore capables de jouer, de diriger un orchestre ou plus simplement de chanter. On en compte au moins une demi-douzaine au XIXe siècle.

Vissarion Shebalin, compositeur russe

Maurice Ravel, célèbre compositeur français
Par ailleurs, les patients affligés d’un dommage à l’hémisphère droit ne semblent pas en mesure de reconnaître des mélodies chantées sans leurs paroles. Grâce à toutes ces informations, nous pourrions donc confirmer que les aires du langage seraient à gauche, alors que celles de la musique se trouveraient à droite.
Mais en réalité non. Aujourd’hui, on sait qu’une distinction nette assignant un hémisphère à la musique et un autre au langage a peu de sens. Des recherches fondées sur des neuro-images le confirment : alors que les musiciens, confrontés à des exercices de reconnaissance harmonique ou mélodique, utilisent davantage la partie gauche du cerveau, les non-musiciens utilisent la partie droite.
De plus, grâce aux nouvelles techniques de diagnostic par imagerie, d’autres avancées ont été possibles. En effet, nous avons constaté, par exemple, que certaines fonctions cérébrales particulières, comme la syntaxe, contribuent à la musicalité mais aussi au langage. Lorsque nous parlons en français, nous utilisons la syntaxe pour ordonner nos phrases : sujet, verbe, complément. Pour la musique, la syntaxe semble faire la même chose, en classant les sons.
Ainsi, musique et langage partagent cette fonction, mais l’utilisent de manière différente.
Nous savons aussi que le cortex auditif de l’hémisphère droit est plus habile à observer précisément les différences de hauteur entre les sons, alors que le gauche l’est beaucoup moins.
On peut donc supposer que l’hémisphère droit est spécialisé dans la reconnaissance des hauteurs et l’hémisphère gauche dans celui des rythmes.
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui nous ne sommes pas encore en mesure de localiser une région spécifique du cerveau consacrée à la musique. Les techniques d’imagerie cérébrale montrent plusieurs superpositions entre les régions activées par la musique et celles concernées par le langage. La neuropsychologie, en revanche, continue de trouver des patients montrant que la perte d'une aptitude dans une région du cerveau n’implique aucuns dommages dans l’autre, ce qui semble démontrer qu'il existe une séparation des deux hémisphères.
Nous sommes alors en présence de multiples suppositions, toujours plus valables les unes que les autres. Ce n’est qu’avec le temps, et grâce aux nombreuses avancées de la médecine que nous pourrons, un jour, comprendre entièrement le cerveau humain et ses secrets quant à la perception et l’interprétation de la musique.
2.3 - Les risques auditifs
"La musique c’est bien, en abuser ça craint", Association des Médecins Mélomanes Européens
Cependant, les effets de la musique sur l’organisme ne sont pas toujours très bénéfiques et peuvent même s’avérer être nocifs. En effet, il existe des risques liés, par exemple, aux musiques amplifiées, pouvant engendrer des dommages irrémédiables.
Comme nous avons pu le voir précédemment, le seuil de danger se situe à 85 décibels, soit un peu plus que le bruit dans la rue. Ce seuil se trouve très vite être dépassé par l’écoute prolongée de baladeur, une exposition à un volume sonore quantifié dans les boîtes de nuit ou encore les concerts.
Ces facteurs sont ainsi la cause de troubles tels que la surdité totale ou partielle, apparaissant à tout âge et définitivement. Il en existe différents types : les surdités de perception au niveau de l’oreille interne, le nerf auditif ou les centres nerveux et sont irréversibles. Le message est donc perçu plus faiblement. Quant aux surdités de transmission, elles trouvent leur origine dans l’oreille externe ou l’oreille moyenne. On peut les soigner par la chirurgie ou un traitement antibiotique. Ce sont des surdités qui ne sont jamais totales, mais qui entravent la transmission des ondes sonores graves. Elle s’associe généralement à une sensation d’oreille bouchée et de pression. Une autre lésion auditive est l’acouphène qui se traduit par un bourdonnement, sifflement, pulsation ou cliqueti entendu tous les jours sans irruption. Là encore on distingue deux types d’acouphènes : les acouphènes objectifs, très rares, que l'on interprète par une anomalie de la cochlée, et les acouphènes subjectifs, davantage fréquents que l’on appelle « sons fantômes ». Ces acouphènes sont liés à des lésions des cellules ciliées qui ondulent en l’absence de son, puisque le sifflement n’est perceptible que dans le système auditif des personnes qui les perçoivent, et donc qui transmettent un signal erroné permanent au nerf auditif, puis au cortex. De même, la puissance des acouphènes dépend de l'interpréation du cerveau : les mêmes acouphènes de perception chez différentes personnes peuvent alller d'une gène quasi nulle à insupportable ! Enfin, on peut parler d’hyperacousie rendant la personne intolérante au bruit. Cela se traduit par une hypersensibilité, une perception amplifiée des sons Elle est souvent associée aux acouphènes. Ce trouble a pour conséquence le repli sur soi, l’arrêt du travail et le port de protections auditives. On peut alors parler de dégénérescence cochléaire.



Surdité Acouphène Hyperacousie
Ces disfonctionnements sont ainsi perceptibles à l’intérieur de l’oreille interne. En effet, les cellules ciliées perdent leur élasticité puisqu’ils se fatiguent. A terme, elles perdent leurs facultés ce qui peut entraîner une perte totale de l’audition. Si ces troubles sont plus légers, seul un sifflement autour de certaines fréquences aigues sera perceptible. Aujourd’hui, ces lésions auditives se manifestent à un âge de plus en plus précoce et touche plus particulièrement les adolescents et les jeunes adultes. De plus en plus de cellules sont atteintes et engendrent un vieillissement accéléré de l’oreille. Il faut seize heures à nos oreilles pour compenser deux heures d’exposition à 100 décibels.
Les bons gestes à adopter sont pourtant très simples. Effectivement, il est préférable de régler le volume à la moitié du maximum du baladeur. Il faut aussi limiter la durée d’écoute quand on utilise un casque ou des écouteurs. Généralement, le volume maximal sonore qu’ils garantissent est de 100dB. Il faut éviter d’augmenter le son si le bruit environnant augmente lui aussi. En concert ou en boîte, il est préférable de s’éloigner des sources sonores. Il est aussi conseillé de faire des pauses de quelques minutes dans un endroit calme pour reposer les oreilles. Enfin, on peut utiliser des bouchons d’oreilles pour plus de confort. Il en existe des jetables et même des sur mesure, un peu plus coûteux.
Il existe aussi un appareil appelé audiogramme qui permet d'en savoir davantage sur les capacités auditives d'une personne.
La musique a donc aussi des effets négatifs sur l’organisme quand elle est utilisée à tort, engendrant des troubles auditifs temporaires ou définitifs.
